Prise en main et test du Canon R5 II en mariage : the good, the bad, the ugly

06/09/2024
5 min

Après quatre ans d’utilisation de deux Canon R6, j’ai décidé de monter en gamme et d’investir en achetant le Canon EOS R5 Mark II. Mon objectif ? Un boîtier plus polyvalent, avec un autofocus amélioré et une meilleure résolution pour répondre aux exigences de la photographie de mariage. Mon appareil photo est mon outil de travail principal, et après l’avoir correctement configuré, je m’attends à ce qu’il soit le plus automatisé possible pour me libérer l’esprit pendant les moments-clés.

La photo de mariage ne laisse pas de place à l’erreur. Chaque instant est précieux, et il est crucial de capturer des images nettes et exploitables en toutes circonstances. J’ai donc testé le R5 II en prestations sur deux mariages et trois séances couples, avec environ 20 000 photos prises en deux semaines. Toutes les photos qui illustrent cet article de blog ont ainsi été capturées en conditions réelles avec mon tout nouveau boîtier.
Cependant attention, cet article ne couvrira pas les capacités vidéo de l’appareil, car je n’ai pas eu l’occasion de les tester.

Un boîtier polyvalent pour le mariage

En tant que photographe de mariage, je recherche un appareil photo capable de s’adapter à toutes les situations, que ce soit lors des préparatifs dans une pièce sombre ou en pleine cérémonie avec des contrastes lumineux intenses. Mon Canon R6 a bien fait le job pendant plusieurs années, mais j’avais besoin d’un modèle plus performant en termes d’autofocus et de résolution.

Avec ses 45 mégapixels, le Canon R5 II promet beaucoup, il est ainsi le flagship officieux à la place du Canon R1 le flagship officiel. Le R1 est en effet plus un R3 mark II, moins polyvalent que son petit frère le R5 II.

Prise en main du Canon R5 II

L’une des premières choses que j’ai notées avec le R5 II, c’est sa prise en main intuitive, surtout quand on vient du Canon R6. Le menu reste fidèle à la logique Canon : clair, simple, avec toutes les fonctions facilement accessibles, un vrai plus quand on est habitué à cette marque. J’ai configuré mon appareil en quelques minutes, prêt à capturer les moments magiques sans avoir à plonger dans des réglages complexes.
L’interrupteur on / off déporté à droite ne m’a pas perturbé, j’ai très vite pris le coup de main.

The Good : Les points fort du Canon EOS R5 II en mariage

Résolution à 45 Mpx : Nettement plus que les 20 Mpx du R6, cette haute résolution me permet de cropper plus librement sans perte de qualité, un atout pour ajuster les compositions après coup, car je shoote souvent à l’aveugle avec mon appareil photo au niveau du torse pour capturer des photos sur le vif sans me faire remarquer, ou lorsque l’action se passe tellement vite, je shoote d’abord pour assurer la photo, et une fois que j’ai mon safe shot je travaille la composition.
Autofocus (AF) légèrement amélioré : La détection des visages est très performante. En photo de mariage, où tout bouge rapidement, c’est un gain considérable. J’ai remarqué une meilleure réactivité que sur le R6, surtout pour capter les expressions des mariés sans manquer le moment clé. Je peux enregistrer les visages des mariés pour que l’AF se fasse en priorité sur eux. Cependant l’AF n’est pas aussi parfait que tous les youtubeurs peuvent l’affirmer, j’ai eu encore beaucoup trop de déchets à cause d’une mise au point complètement à l’ouest.
Balance des blancs automatique : La gestion de la balance des blancs est plus précise que sur le R6, ce qui évite de passer beaucoup de temps en post-traitement à la corriger.
Autonomie des batteries LP-E6P : Ces batteries tiennent environ 2500 photos, ce qui est bien mieux que les anciennes LP-E6NH. Je n’utilise pas de grip pour garder le boîtier compact et léger lorsque je le porte en double harnais.
Capteur empilé : Grâce à ce nouveau capteur, le rolling shutter est quasiment inexistant en obturateur électronique, ce qui permet de prendre des photos en rafale rapide ou pendant les préparatifs sans distorsion, même en mouvement.
Sensibilité de l’AF en basse lumière : Le R5 II gagne 1.5 stop par rapport au R6, avec une sensibilité en basse lumière jusqu’à -8 stops. Idéal pour les photos de soirée, sur la piste de danse où la lumière est souvent très faible.
La double stabilisation offre jusqu’à 8,5 stops de stabilisation, soit un léger gain par rapport aux 8 stops du R6, ce qui me permet d’avoir moins de photos floues en pause longue à main levée.

The Bad : Ce que je n’ai pas aimé

Malgré ses nombreux atouts, le Canon R5 II présente quelques points faibles qui, selon moi, sont à prendre en compte avant un achat.

Perte de plage dynamique : les testeurs indépendants comme photons to photos ou DP review ont mesuré une légère baisse de la plage dynamique par rapport au premier R5 à cause du capteur empilé. Cela peut poser problème dans des situations de forts contrastes, comme lors du First Look où les mariés sont à l’ombre et l’arrière-plan est en plein soleil.
Bruit à haut ISO : À 51200 ISO (6400 ISO +3 stops d’expo), le bruit numérique devient très problématique, surtout en comparaison avec le R6. Je suis alors obligé de passer les photos en noir et blanc pour rattraper les défauts colorimétriques après un débruitage très agressif dans Lightroom ou Topaz Photo AI. Ma limite acceptable est ainsi 12800 ISO, mais en auto je le laisse monter maximum jusqu’à 6400 ISO car le capteur est ISO invariant à partir de 800 ISO. Les tests de comparaison des ISO en partant à 100 ISO ne sont ainsi pas pertinents.
Moiré: A cause de la haute résolution du capteur, j’ai beaucoup plus souvent des effets de moiré dans le costume du marié. Heureusement Lightroom Classic est relativement performant pour le faire disparaitre lors du post traitement.
Choix des cartes mémoire : Le R5 II utilise une combinaison de cartes SD et CF Express. J’aurais préféré 2 cartes CF Express Type B, pour ne pas avoir de pénalité de vitesse d’écriture à cause de la carte SD, pour vider le buffer lors des rafales.
Fonctions AI uniquement sur les jpegs : Le débruitage, l’augmentation de la résolution et la détection des photos floues ne fonctionnent que pour les fichiers JPEG, pas pour les RAW. Ces fonctionnalités marketing sont ainsi complètement inutilisables dans mon workflow.
Absence de pixel shift : Le R5 II n’inclut plus la fonctionnalité pixel shift, ce qui peut décevoir ceux qui utilisaient cette option pour améliorer la résolution en photo de paysage, ou pour des photos d’œuvres d’art. Cela oblige du coup à zoomer et à faire un panorama dans Lightroom ou Photoshop.
45 Mpx excessifs pour les mariages : Les 45 mégapixels sont trop pour mes besoins en photo de mariage. L’absence de formats intermédiaires comme le M Raw (30 Mpx) ou le S Raw (20 Mpx) est vraiment dommage. Le format CRaw quasi sans perte résout la problématique du stockage car les raws font alors en moyenne 30 Mo. Cependant le traitement des raws du R5 II est plus long que ceux de mon R6, surtout lors de l’import et la génération des aperçus avec Lightroom Classic sur mon Macbook Pro M1.
Limitation à trois préréglages personnalisés : il y a seulement trois préréglages personnalisés (C1, C2, C3), alors qu’il m’en faudrait 6 pour couvrir toutes les situations en mariage nécessitant des réglages spécifiques.
Fonctionnalités bridées avec les anciennes batteries Canon : L’utilisation des anciennes batteries officielles LP-E6NH de Canon empêche d’avoir accès à la rafale à 30 ips, à la pré-capture, ou même au Wifi!
Capuchon de la griffe flash difficile à enlever : Le capuchon de la griffe flash est très difficile à retirer la première fois, nécessitant de forcer ou d’utiliser un couteau ou un tournevis. Je ne l’ai jamais remis sur mon boîtier après l’avoir enlevé.

The Ugly : Ce qui m’a beaucoup déçu

Enfin, quelques éléments sont franchement décevants et méritent d’être soulignés.

Eye Control AF : J’avais de grands espoirs pour cette fonctionnalité, mais dans les faits, elle s’est révélée pas fiable du tout, même après plusieurs calibrations. Je n’ai jamais réussi à l’utiliser correctement dans des conditions réelles de mariage et de séance couple. Après 15 minutes de galères sans nom, j’ai toujours fini par le désactiver.
Firmware instable : Le firmware actuel a tendance à planter régulièrement, avec des erreurs 70 ou des freezes qui nécessitent un redémarrage complet de l’appareil en sortant la batterie. C’est très frustrant lors d’une journée de mariage où un plantage peut me faire rater un moment important en photo.
Compatibilité des batteries : Le boîtier est incompatible avec les batteries tierces LP-E6NH que j’utilisais comme batteries de secours sur mes anciens appareils. J’ai ainsi 4 batteries que je ne peux utiliser qu’avec mon second boîtier.

Conclusion

En résumé, le Canon EOS R5 II est un boîtier puissant, qui apporte une amélioration significative par rapport au Canon R6 en termes de résolution, d’autofocus, et de vidéo. Cependant, il a aussi ses limites, notamment en ce qui concerne le bruit à haute sensibilité ISO et l’instabilité du firmware à cause de l’Eye Control AF. Pour les photographes de mariage, c’est un excellent choix si vous recherchez un boîtier très polyvalent et robuste et qui pourra vous durer les 5 prochaines années sans devenir obsolète.
Si vous êtes un amateur, à moins que vous soyez avocat, médecin ou experts en photographie sportive ou animalière, je vous recommanderai plutôt d’acheter le R5 de première génération d’occasion, car beaucoup vont se retrouver prochainement en vente.

Spécifications clés en photo du Canon EOS R5 mark II comparé au R5 et au R6

Capteur CMOS empilé 45MP
Processeur DIGIC X + DIGIC Accelerator
Sélection du sujet AF contrôlée par l’œil
Rafale jusqu’à 30 ips avec viseur sans blackout avec pré-déclenchement
Stabilisation IBIS + objectif jusqu’à 8,5 stops
Pré-rafale
AF Priorité à l’action pour les sports suivants: football, basket-ball, volley-ball
Débruitage et mise à l’échelle par IA
Wi-Fi 6E (802.11ax)
1x CFexpress Type B, 1x SD UHS-II
Batterie LP-E6P
Prix en France: 4749€

Vidéo de présentation du Canon R5 II de Damien Bernal

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